Les camps de réfugiés en Bohême et en Moravie durant la Première Guerre mondiale

Une conférence d’Alena Jindrová (Musée de la région Vysočina, Havlíčkův Brod – RT) dans le cadre du séminaire d’histoire contemporaine des juifs organisé par l’Institut Masary et les archives de l’Académie tchèque des sciences, le CEFRES et le Prague Center for Jewish Studies

Lieu : Bibliothèque du CEFRES, Na Florenci 3, 110 00 Prague 1
Horaire : 17 h 30-19 h
Langue : anglais

Résumé

Les flux de réfugiés provoqués par la Première Guerre mondiale étaient principalement dirigés vers le centre de la monarchie des Habsbourg : la Bohême, la Moravie et les pays autrichiens (Carinthie, Carniole, Basse et Haute Autriche). À la déclaration de guerre, les autorités organisèrent à la hâte le transfert des réfugiés et la construction des premiers camps. Beaucoup de personnes ayant fui leur dominicile dans l’urgence, ne pouvaient pas  en effet subvenir à leur besoin.

Mes recherches portent sur les camps de réfugiés des pays tchèques et sur les institutions qui en avaient la responsabilité. L’on ne sait toujours rien en effet des camps importants qui se trouvaient à Havlíčkův Brod, Choceň, Kyjov, Mikulov, Pohořelice, Moravská Třebová et Uherské Hradiště. Ceux de Moravie en particulier sont très peu connus. On ignore quand ils ont été fondés et construits, qui les administrait et combien de réfugiés ils pouvaient accueillir.

J’étudie aussi les tentatives de contrôle dont ces camps ont fait l’objet et l’organisation de l’aide qui y fut apportée. Des associations locales ou encore le Fonds du Baron Hirsch Fund, la Israelitische Alliance de Vienne, jouèrent un rôle important pour subvenir aux besoin des réfugiés. Malgré les efforts du gouvernement et des personnes engagées, de nombreuses difficultés demeuraient et mes recherches examinent les aspects problématiques de l’aide aux réfugiés, en particulier à l’intérieur des camps et en retraçant le destin des réfugiés à la fin de la guerre.

Ces recherches sont menées en coopération avec le projet “Unlikely refuge?”.

La seconde vie des Yizker bikher dans les écrits juifs contemporains

Conférence de Marianne Windsperger (Vienna Wiesenthal Institute for Holocaust Studies) dans le cadre du séminaire d’histoire contemporaine des Juifs, organisé par l’Institut Masaryk et les Archives de l’Académie tchèque des sciences, le Centre pragois d’études juives et le CEFRES.

Lieu : Na Florenci 3, 110 00 Prague 1
Horaires : 17h30-19h
Langue : anglais

Présentation

La conférence est tirée d’un chapitre de ma thèse consacrée à la recherche des traces dans les écrits juifs américains contemporains où j’analyse les références à la tradition des yizker bukh. Le terme yiddish « yizker bikher » correspond à tout un ensemble de livres commémoratifs des communautés juives d’Europe centrale détruites. Ces recueils ont été rassemblés soit immédiatement après la guerre dans les camps de personnes déplacées, soit sur leurs lieux d’origines, les Landsmanshaftn. Un grand nombre de ces « yizker bikher » contiennent des documents très divers telles des cartes, des photographies et des listes de noms. Dans les récits qui tentent de maintenir une connaissance de ces lieux de façon transversale aux différentes générations, ces livres mémoriaux sont consultés pour vérifier des informations précises sur des lieux ou sur le nom de leurs habitants. Je retracerai dans cette conférence les modes de collection et d’écriture, liés à ces yizker bukh, que met en place la littérature contemporaine. On trouve en effet des traces de ce média de la diaspora que sont les yizker bikher, aussi bien dans les écrits contemporains américains, que dans les littératures argentine, française et allemande. Je dresserai une étude comparée de la seconde vie de ce genre dans la littérature mondiale et montrerai comment ces livres relèvent de différentes traditions d’écriture.

Comment les écrivains yiddish sont-ils devenus des écrivains yiddish

Conférence de Carmen Reichert (Université d’Augsbourg) dans le cadre du séminaire d’histoire moderne des Juifs, organisé par l’Institut d’histoire contemporaine (Académie tchèque des sciences) et le CEFRES en partenariat avec l’Institut Masaryk (Académie tchèque des sciences).

Lieu : Na Florenci 3, 110 00 Prague 1
Horaires : 17h30-19h00
Langue : anglais

Présentation

Le choix de la langue yiddish dans les récits autobiographiques après Peretz
Il n’est pas surprenant que les autobiographies littéraires nous racontent comment des écrivains sont devenus écrivains. Depuis les Confessions de Rouseau jusqu’au roman de formation de Goethe, lire et écrire – les lectures et les premiers essais d’écriture – de l’auteur sont deux topoï du genre. Toutefois, les écrivains yiddish du début du XXe siècles ont grandi sans savoir que leur langue maternelle était une langue littéraire. C’était l’hébreu et non le yiddish qui fut la langue de leurs apprentissages au sein des écoles juives. C’est pourquoi l’écriture yiddish de cette période s’est épanouie quelque part entre le système d’enseignement traditionnel dominé par l’hébreu des Cheders et des Yeshivas et les bibliothèques non juives. Selon la tradition, les textes écrits en yiddish étaient destinés aux femmes et aux hommes sans éducation. Ainsi les hommes et les femmes développèrent des stratégies d’écriture différentes lorsqu’ils écrivaient en yiddish: tandis que les femmes pouvaient situer leurs écrits dans la longue tradition des écrits autobiographiques de femmes comme les ceux de Glikl ou les « mémoires » (“Zikhroynes”) de Hameln, les hommes préféraient suivrent des traditions occidentales. Les autobiographies yiddish relient souvent les vies individuelles à l’histoire du yiddish. Lorsque Sholem Aleichem, par exemple, compare sa vie à un marché (“yarid”), il prête sa voix à la « langue du marché », au Yiddish.  I. L. Peretz, le « père » de la littérature yiddish a eu beaucoup d’influence à cet égard. Il n’a pas seulement encouragé les écrivains à employer leur langue de naissance, mais son autobiographie “Mayne zikhroynes” (Mes mémoires), qui puise son inspiration au romantisme, a aussi inspiré un grand nombre de textes autobiographiques de jeunes auteurs.

Carmen Reichert est post-doctorante à l’Université d’Augsbourg et son projet de recherche actuel est consacré aux débats littéraires et linguistiques dans le contexte de la conférence de Czernowitz sur le langage. Pour plus d’information, voir ici.

Un conformisme subversif ? La culture jeune, les Juifs et le Rock’n’roll dans les années 1960 en Pologne

Conférence de Marcos Silber (Université d’Haifa)  dans le cadre du séminaire d’histoire moderne des Juifs, organisé par l’Institut d’histoire contemporaine (Académie tchèque des sciences) et le CEFRES en partenariat avec l’Institut Masaryk (Académie tchèque des sciences).

Lieu : CEFRES, Na Florenci 3, 110 00 Prague 1
Horaires : 17h30-19h00
Langue : anglais

Résumé
Mars 1968 fut une période courte mais importante de l’histoire polonaise. Cette année-là, il a pu sembler que le monde entier expérimentait une révolution culturelle provoquée par la jeunesse. Contrairement à beaucoup de recherches sur la Pologne de mars 1968, qui tendent à mettre l’accent sur les luttes de pouvoir politiques et sur la montée de l’antisémitisme, cette conférence explorera les liens entre la sous-culture jeune polonaise-juive, un groupe marginalisée de par son âge et son ethnicité, et la campagne anti-juive de mars 1968 qui poussa à l’émigration des milliers de Juifs polonais.

Qui éditera notre histoire ? ou Les défis de l’édition des sources de la Shoah

Qui éditera notre histoire ? ou Les défis pour l’édition des sources de la Shoah ? Le cas des notes du Ghetto d’Emanuel Ringelblum

Conférence de Joanna Nalewajko-Kulikov (Institut d’histoire Tadeusz Manteuffel, Académie polonaise des sciences) dans le cadre du séminaire d’histoire moderne des Juifs, organisé par l’Institut d’histoire contemporaine (Académie tchèque des sciences) et le CEFRES en partenariat avec l’Institut Masaryk (Académie tchèque des sciences).

Lieu : Na Florenci 3, 110 00 Prague 1
Horaires : 17h30-19h00
Langue : anglais

Présentation

En septembre 1939, Emanuel Ringelblum (1900-1944), un enseignant et historien engagé juif polonais, commença à prendre des notes sur diverses aspects de la vie en temps de guerre et devait poursuivre cette pratique jusqu’en janvier 1943. Ce fut le début d’un large projet de documentation, qui reçut le nom de code “Oneg Shabbat” ou les Archives clandestines du ghetto de Varsovie. Déterrées après la guerre, elles sont ajourd’hui conservées aux Archives de l’Institut d’histoire des Juifs de Varsovie.  Un fragment est encore conservé à New York au sein de la Hersh Wasser Collection, du YIVO Institute for Jewish Research.

Les notes de Ringelblum ont été publiées à Varsovie en 1952 dans leur langue originale, le yiddish (Notitsn fun varshever geto), en 1961-1963 (Ksovim fun geto) et à Tel Aviv en 1985 (comme réimpression de l’édition de 1961-1963 enrichie de notes de la collection the Hersh Wasser Collection). À la fin des années 1950, Adam Rutkowski prépara une édition en polonais qui fut néanmoins retirée des programmes de sa maison d’édition à la suite de la campagne antisémite de 1968. Cette édition finit par paraître en 1983 sous la direction d’Artur Eisenbach sous le titre Kronika getta warszawskiego.

Je reviendrai dans ma conférence sur mon expérience lors de la préparation d’une nouvelle édition critique et complète de cet écrit (Pisma Emanuela Ringelbluma z getta, éd. Joanna Nalewajko-Kulikov, trad. Agata Kondrat [et al.], Varsovie, 2018, coll. Archiwum Ringelbluma. Konspiracyjne Archiwum Getta Warszawy, vol. 29). Je présenterai les différences existant entre cette nouvelle édition et les précédentes et analyserai les problèmes qui surgissent lorsqu’on édite une source dont nous ne possédons qu’un fragment non achevé qui n’avait jamais été destiné à être publié tel quel.

Joanna Nalewajko-Kulikov est chercheuse à l’Institut d’histoire Tadeusz Manteuffel de l’Académie polonaise des sciences. Elle consacre ses recherches aux populations juives d’Europe centrale et orientale des XIXe et XXe siècles, à l’histoire de la culture yiddish (en particulier la presse quotidienne yiddish) et aux relations polono-juives. Elle a publié entre autres ouvrages : Obywatel Jidyszlandu. Rzecz o zydowskich komunistach w Polsce (2009; une traduction anglaise paraîtra en 2019) et Mowic we wlasnym imieniu. Prasa jidyszowa a tworzenie zydowskiej tozsamosci narodowej (2016). Elle a en outre dirigé l’édition, dans le cadre de la colletion “Archiwum Ringelbluma” des mémoires de Tsvi Prylucki (2015) et des notes d’Emanuel Ringelblum (2018). Ses recherches actuelles portent sur la presse yiddish dans l’Entre-deux-guerres.

Devenir réfugiés, devenir survivants ? Mise en perspective transnationale dans la longue durée de l’expérience des enfants juifs

Conférence de Laura Hobson Faure (Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3) dans le cadre du séminaire d’histoire moderne des Juifs, organisé par l’Institut d’histoire contemporaine (Académie tchèque des sciences) et le CEFRES en partenariat avec l’Institut Masaryk (Académie tchèque des sciences).

Lieu : Na Florenci 3, 110 00 Prague 1
Horaires : 17h30-19h00
Langue : anglais

Présentation

Depuis 1990, les historiens ont cherché à intégrer l’expérience des enfants juifs à l’historiographie de la Shoah (Dwork, 1991, Stargardt, 2006) en recherchant des sources écrites par des enfants afin d’écrire une histoire centrée sur les enfants. Grâce à des travaux sur l’expérience d’enfants juifs dans l’Europe occupée ou dans les pays où ils avaient trouvé refuge, l’enfance est devenue un sous-champ à part entière des études sur la Shoah (Michlic 2017, Gigliotti and Tempian, 2016, Cohen 2018, Ouzan 2018). Les historiens ont néanmoins le plus souvent construit leur objet d’étude dans des cadres d’analyse locaux ou nationaux et en suivant une périodisation très courte, centrée sur les années de guerre ou sur l’immédiat après-guerre.

Mes recherches actuelles portent sur un groupe de 300 enfants environ qui ont fui l’Europe centrale pour la France en 1938-1939 puis la France pour les États-Unis en 1941-1942. Elles me permettent de proposer une nouvelle lecture de ces vies d’enfants dans une perspective transnationale et sur une période couvrant à la fois la Shoah et un long après-guerre. L’examen du processus au cours duquel les enfants devinrent des réfugiés, permet de mieux connaître des programmes d’évacuation d’enfants jusqu’ici peu connus et de voir comment ces enfants devenus adultes construisirent en tant que survivants une mémoire contemporaine de la Shoah.

Ce projet met en oeuvre une micro-histoire des réseaux d’enfants tout en souhaitant mettre au jour des interrogations de plus grande envergure sur la façon dont des individus et des familles réagirent collectivement aux persécutions et comment les pratiques et les organismes d’aide sociale marquèrent la vie des enfant, ou encore comment des enfants victimes devenus adultes façonnèrent la mémoire de la Shoah dans les démocraties occidentales.