Daniel Baric : Recherche et CV

De la Bohême à l’Adriatique et retour. L’invention de la topographie du patrimoine centre-européen, entre paradigme impérial et contingences nationales (1900-1940)

Axe de recherche 1. Déplacements, dépaysements et décalages : hommes, savoirs et pratiques
Axe 3. Objets, traces, mises en cartes : espaces au quotidien

Contact : daniel_baric(@)yahoo.com

La recherche menée dans le cadre de ce projet vise à analyser l’élaboration d’une politique du patrimoine archéologique et son appropriation par les acteurs locaux. Elle prend place dans une réflexion plus large sur la nature des liens entre centre du pouvoir impérial autrichien et ses périphéries orientales.

Le cadre géographique et historique est double, à la fois danubien, centré sur les institutions impériales viennoises à l’origine de cette politique patrimoniale, et sud-est européen, en prenant pour terrain d’étude privilégié les provinces les plus périphériques, la Bosnie-Herzégovine sous administration austro-hongroise (1878-1918) et la côte adriatique. La réflexion porte en particulier sur les conséquences de la césure que représente la disparition du cadre impérial austro-hongrois dans la politique de mise en valeur du patrimoine. Ce sont les mêmes archéologues qui durent trouver dans un cadre étatique bouleversé, ayant subi les conséquences de l’écroulement des structures impériales, des formes nouvelles de protection du patrimoine à travers la création de nouveaux musées et de nouvelles chaires universitaires. C’est dans le milieu des historiens autrichiens, et singulièrement des historiens de l’art, que s’est élaboré un discours descriptif du patrimoine qui se donnait pour but de générer un sentiment d’appartenance impérial.

Parmi ces derniers, les plus influents étaient originaires de Bohême et Moravie : Rudolf von Eitelberger (1817-1885), Wilhelm Kubitschek (1858-1936) et Max Dvořák (1874-1921). Si le rôle des représentants viennois est maintenant connu, celui des conservateurs régionaux l’est en revanche beaucoup moins. Carl Patsch (1865-1945) et Anton Gnirs (1873-1933) n’ont jusqu’à présent pas fait l’objet d’études qui les replaceraient dans leur trajectoire à la fois impériale jusqu’en 1918 et nationale dans l’entre-deux-guerres. Leur profil exemplaire permet de mettre en relief le transfert de savoirs entre le centre de la Monarchie et ses périphéries méridionales et orientales : originaires tous deux de familles germanophones du nord de la Bohême, étudiants à l’université Charles de Prague, Patsch a poursuivi sa carrière depuis Prague jusqu’à Sarajevo où il fut en charge du patrimoine plus de deux décennies ; Gnirs rejoignit depuis Prague le port de Pula en Istrie, où il exerça des fonctions identiques à la même époque.

Une analyse comparée des deux parcours biographiques, prenant en compte les milieux sociaux dans lesquels ils évoluèrent avant et après la guerre, leur production scientifique dans son rapport au centre et à la périphérie, doit permettre d’éclairer le nouveau rôle social dévolu à l’archéologie durant la première partie du XXe siècle, au moment où le tourisme balnéaire et culturel devient un phénomène massif, tant à l’époque austro-hongroise qu’en Tchécoslovaquie dans les années 1920, et où se développe en conséquence une production écrite sur les monuments, à destination de différents publics.

Domaines de recherche : histoire interculturelle de l’espace danubien, transferts culturels germano-slaves, histoire austro-hongroise, mémoires de l’Antique, histoire des musées

CV

Formation

  • 2007-2010 : Cursus à l’ELCOA (École des Langues et Civilisations de l’Orient Ancien) de l’Institut catholique de Paris, spécialisation en égyptien hiéroglyphique 1993-1998 : Scolarité à l’École normale supérieure (Ulm)
  • 2004 : Doctorat ès Lettres, EPHE (École pratique des Hautes Études-Paris, Section des sciences historiques et philologiques), « La langue allemande en Croatie (1815-1848) : étude interculturelle »
  • 1996 : Obtention d’une licence en études slaves [bosniaque-croate-monténégrin-serbe] à Paris-IV
  • 1996 : Diplôme de hongrois à l’INALCO

Affiliations

  • Depuis 2018 : Maître de conférences, Sorbonne Université, UFR d’études slaves, département de BCMS (bosniaque-croate-monténégrin-serbe)
  • 2005-2018 : Maître de conférences,  université de Tours, Institut d’études germaniques 
  • 2008-septembre 2010 : Chargé de conférences, EPHE (Paris), rattaché à la chaire « L’Europe et le monde germanique (époque moderne et contemporaine) », Jacques Le Rider. Intitulé des conférences : « Les provinces orientales de l’empire des Habsbourg, XVIIIe siècle-1918 : histoire et identités »

Choix de publications

  • Langue allemande, identité croate. Au fondement d’un particularisme culturel, Paris, Armand Colin, 2013, 403 p.
  • Proziran i prezren. Njemački jezik u hrvatskom društvu u prvoj polovici 19. stoljeća, Zagreb, Leykam (coll. « Germano-croatica »), 2015, 383 p. [Adaptation/traduction du titre précédent]
Direction d’ouvrages
  • Identités juives en Europe centrale, des Lumières à l’entre-deux-guerres, avec Tristan Coignard et Gaëlle Vassogne, Tours, Presses universitaires François-Rabelais, 2014, 276 p.
  • Archéologies méditerranéennes, Revue germanique internationale, 2012, 220 p.
  • Mémoire et histoire en Europe centrale et orientale, avec Jacques Le Rider et Drago Roksandić, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2010, 358 p.
Derniers articles de revues
  • « Vepar i Zlatno Runo: odjeci viteštva Nikole Zrinskog u suvremenim pohvalnicama na francuskom jeziku », Dometi, 2017, p. 67-79.
  • « ‘De la tranchée où l’on fouille à celle où l’on se bat’ : Français et Autrichiens sur le front de la science entre Balkans et Dardanelles », in Bulletin de l’Institut Pierre Renouvin, « L’Archéologie à l’aune des relations internationales », Gabrielle Abbe et Mathieu Jestin (dir.), n° 46/automne 2017, p. 61-76
  • « La dualité nationale et universitaire des bibliothèques de Strasbourg et Zagreb : une
  • histoire parallèle entre empires, nations et régions », in Histoire et civilisation du livre : revue internationale, XII, 2017, p. 439-456
  • « L’archéologie austro-allemande en Méditerranée orientale, enjeux et interactions », in Revue germanique internationale, 2012 (16), p. 5-11
  • « Archéologie classique et politique scientifique en Bosnie-Herzégovine habsbourgeoise : Carl Patsch à Sarajevo (1891-1918) », in Revue germanique internationale, 2012 (16), p. 73-89

Centre français de recherche en sciences sociales – Prague