Axe 2. Normes & transgressions

Le mot transgression affleure dans les débats contemporains sur la liberté d’expression, la multiculturalité, l’émigration ou encore la sexualité. La transgression peut être considérée comme une stratégie épousée par divers acteurs – religieux, culturels, sociaux – pour revendiquer et légitimer des normes vues comme alternatives aux hiérarchies, conventions, traditions, canons, lois en place. Elle peut être un discours et/ou une pratique. Discours quand elle conteste la norme qui se dit absolue, et remet en question sa puissance performative en lui opposant la sienne propre. Pratique, parce qu’elle s’adosse à un répertoire d’actions (de la violence à l’humour, en passant par le silence, etc.), qui n’implique pas toujours une énonciation, ni même un acte conscient : les pratiques sociales de la transgression ne se réduisent certes pas à leur commentaire moral.

Il s’agit ici d’interroger le lien entre la norme et la transgression, les chevauchements et les interrelations entre les espaces et les acteurs en concurrence, ainsi que les phénomènes d’intégration de valeurs anticanoniques dans le discours et l’usage dominant.
Acteurs des transgressions et garants des normes ne s’inscrivent pas seulement dans une dynamique de concurrence et de rivalité, mais manifestent des liens de coproduction ou de complicité. On suppose qu’entre ces logiques d’acteurs, il existe des points de perméabilité. Le lien entre la norme, la transgression et le droit doit donc être aussi pris en compte.

Dans une approche interdisciplinaire (droit, théologie, philosophie, sociologie, psychologie, anthropologie, histoire, histoire de l’art, histoire de la littérature) cet axe se propose d’étudier :

  • les stratégies de monopole et de concurrence dans l’énonciation des normes – l’analyse des controverses peut ici servir de point d’entrée, de même que le discours et la pratique sécuritaire ;
  • les pratiques sociales (la marginalité, l’engagement, la résistance, etc.) et de gestion de la transgression (violence, négociation, intégration, etc.) ;
  • les logiques d’acteurs qui animent ce phénomène (minorités, exclus, etc.), et dans le cas des acteurs individuels, dans la variété de leurs profils sociologiques et de leurs trajectoires.

Enfin, nous souhaitons intégrer dans cet axe une réflexion sur une pratique tout à la fois transgressive et canonique : l’interdisciplinarité.

Les recherches dont l’objet est situé dans l’espace de l’Europe centrale, à la jonction de cet espace et d’autres espaces ou encore en comparaison avec d’autres “aires culturelles”, seront privilégiées.