AAC : Construction d’un « soi socialiste »? Le rôle des sciences « psy » dans les Etats communistes du bloc de l’est (1948-1989)

Journée d’étude internationale

Lieu : Prague
Date : 6 novembre 2020
Date-limite d’envoi des candidatures : 30 juin 2020
Contact : jakub.strelec@fsv.cuni.cz
Organisateurs : CEFRES, Institut d’histoire contemporaine de l’Académie tchèque des sciences, Collegium Carolinum de Prague

Jusqu’à très récemment, l’histoire des sciences « psy » sous les régimes communistes de l’ancien bloc de l’Est, a été soit négligée, soit considérée comme étant un simple reflet des politiques soviétiques mises en place pour propager la  pensée du matérialisme dialectique, et les enseignements d’I.P. Pavlov.

Cependant ces dernières années la situation a largement évoluée : l’histoire des sciences « psy » dans l’Europe communiste est devenu un champ de recherche actif et en constante évolution, couvrant une variété de sujets allant de l’histoire transnationale de la psychiatrie, à l’histoire du contrôle social et de la criminalité. Dans le sillage de la recherche post-foucaldienne, plusieurs historiens et autres universitaires ont commencé à s’intéresser aux relations entre les sciences « psy » et ‘l’art de gouverner’ propre au communisme. A ainsi commencé à être révélé le rôle des sciences « psy » dans les dictatures communistes, au sein d’un système plus large encore de biopolitiques et de ‘technologies de soi’. En outre, tirant son inspiration des ‘études en science et en technologie’, beaucoup de ces travaux ont pour objectif d’analyser le savoir et les pratiques des sciences « psy » dans leur relation avec des réseaux complexes d’acteurs et d’objets.

Donnant suite à ces récentes perspectives, cette journée d’étude souhaite réunir des chercheurs dont les travaux sont consacrés à l’histoire des sciences « psy » dans l’Europe communiste. Le premier objectif est de soumettre à la discussion les approches, les sujets, et les thèmes des recherches en cours concernant le rôle des sciences « psy » dans les États communistes de l’ancien bloc de l’Est. Le second sera de baliser les problèmes et les questions dont devront se saisir ces recherches à l’avenir.

Nous sommes intéressés par toutes propositions traitant de l’histoire des sciences « psy » dans l’Europe communiste, issues d’approches méthodologiques plurielles ; néanmoins nous souhaitons tout particulièrement nous centrer sur les questionnements et aspects suivants :  

Les sciences « psy » entre l’Est et l’Ouest : circulations des idées et des pratiques

  • Comment les experts de ces sciences en Europe de l’Est produisaient-ils savoirs et pratiques ?
  • Les experts des sciences « psy » prenaient-ils part à des discussions avec leurs confrères d’autres parties de l’Europe, ou travaillaient-ils de manière autonome ?
  • Les experts d’Europe de l’Est étaient-ils plus influencés par leurs traditions scientifiques nationales, ou par des tendances et pratiques globalisées ?
  • Y avait-il un forum afin d’échanger les idées et les théories ?
  • Quel rôle ont eu les conférences internationales dans la construction des savoirs de ces experts ?

Création d’un ‘soi socialiste’ : sciences « psy », identité et politique

  • Comment les savoirs et pratiques des sciences « psy » ont-ils construit le ‘soi’ du peuple sous les régimes communistes ?
  • Comment le concept de ‘personnalité socialiste’ a t’il été bâti et comment fonctionnait-il (par exemple dans les établissements psychiatriques, à l’école ou à l’armée) ?
  • Le discours des sciences « psy » était-il plutôt assujettissant ou valorisant ?
  • Quelles types de ‘techniques du ‘soi’ les sciences « psy » créaient-elles, et dans quelle mesure les individus les intériorisaient-ils ?
  • Comment les sciences « psy » ont t’elles façonnées ‘l’art de gouverner’ communiste ?

Réguler la société communiste : les sciences « psy », la sécurité et le contrôle social

  • Quel type de comportement était perçu comme ‘anormal’ ou ‘antisocial’, et comment était-il traité par les experts « psy » et l’État ?
  • Comment les savoirs et pratiques des sciences « psy » influençaient-ils la criminologie et la pénologie socialiste ?
  • Comment la ‘médicalisation’ du crime a-t-elle été intégrée dans le système criminel socialiste ?
  • Dans quelle mesure les sciences « psy » ont-t-elles été mêlées aux campagnes de santé publique menées par l’État socialiste ?

Nous accueillons des contributions à différents stades de recherche (ébauche, présentation d’un article ou travail achevé). Veuillez s’il vous plaît, nous envoyer une courte biographie (env. 150 mots) et un résumé de votre papier (pour une intervention de 20 minutes) avant le 30 juin 2020. La journée d’étude sera tenue en anglais.

Les coûts de déplacement et d’hébergement peuvent être assurés aux participants n’ayant pas la possibilité d’être remboursés par leurs institutions.

Organisation: Jakub Střelec (FSV UK / CEFRES)

Comité scientifique
  • Jérôme Heurtaux (directeur du CEFRES)
  • Adéla Gjuričová (ÚSD AV ČR)
  • Johannes Gleixner (Collegium Carolinum, Prague)